Cathédrales de poche
William Morris et l’art du livre
Comment réenchanter le livre au royaume de lʼindustrie ? En créant des livres inactuels, néogothiques, inspirés par les manuscrits médiévaux et les premiers incunables, répond William Morris. Scandalisé par la laideur des livres de lʼépoque victorienne, il a pour ambition de changer la société et le quotidien par la dissémination dʼune beauté propagandiste. Entouré de sa magnifique collection de livres anciens, il admire les théories de lʼesthète et critique dʼart John Ruskin. Sous son influence, il défend lʼidée que le livre doit tendre vers la perfection, être lʼexpression de lʼamour de lʼhomme pour la Création, diffuser le Verbe divin, incarner lʼidéal, être une « cathédrale de poche » selon lʼexpression du peintre préraphaélite, illustrateur et ami de toujours Edward Burne-Jones.
Dans le chapitre de Notre-Dame de Paris « Ceci tuera cela », Hugo avait prophétisé lʼavènement du livre de papier condamnant le livre de pierre. La cathédrale et lʼimprimé fusionnent au contraire chez Morris, dans une conception architecturale du livre composé comme un toutharmonieux, alignement de lʼœil, de la main et du cœur. Sʼil lʼévoque parfois avec légèreté, la « petite aventure typographique » sʼest ainsi transformée en un projet de plus grande envergure jusquʼà former une enclave possible contre les conventions de la modernité : « Je voulais imprimer quelques beaux livres. Et je voulais mʼamuser. Et je peux dire que jʼai fait les deux. »
Avec le soutien de lʼuniversité dʼAngers.
- Sommairekeyboard_arrow_down
- Auteur(s)keyboard_arrow_down
- Fiche techniquekeyboard_arrow_down
- Introduction, table des matières, 4e de couverture et autres documentskeyboard_arrow_down